Mes lectures sont toutes liées à d'heureux hasards, jamais à la popularité de leurs auteurs. Les livres de Maxime Chattam ne dérogent pas à la règles.
Ils démontrent aussi qu'il ne faut jamais laisser ses livres quand je suis dans les parages. Je prends le livre, je m'installe et je le lis. Tant pis pour l'imprudent lecteur
qui a eu le malheur de détourner son regard seulement quelques secondes, comme avec les enfants.
Bien sûr, je savais le type de livres qu'il écrivait. J'ai été stagiaire en librairie, pile dans les rayons où étaient exposés ses livres. Je connaissais son succès.
Les clients ne tarissaient pas d'éloge à son sujet.
Et j'avais eu une première approche avec le premier "13 à table".
Je me suis complètement laissé embarquer. Pourtant, tout ce qui tournent autour des cadavres, ça me fait faire des cauchemars. J'ai pu trouver d'autres choses...
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Le Léviatemps
Quand j’ai ouvert ce livre, j’ai trouvé que ça n’avait pas l’air trop mal écrit.
Alors j’ai décidé de persévérer. J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire.
Le début piétine un peu.
J’ai cru que c’était un remake de Jack l’éventreur, version parisienne.
Je me suis accrochée malgré tout.
Et là, je ne regrette pas de ne pas mettre arrêtée aux premières pages,
au fameux incipit qui permet aux esprits bien pensent d’offrir leur suprême jugement sur ce qui est littéraire ou non.
Et là, progressivement, j’ai avancé dans l’intrigue.
Je me suis prise au jeu de l’enquête, à échafauder avec les protagonistes des théories.
Au moment de l’exposition universelle de 1900, un écrivain réfugié dans une maison close se met à enquêter sur le meurtre d’une de ses amis prostituée.
Le pseudonyme qu’il donne tout au long de son enquête m’a évoqué Toulouse-Lautrec, décédé un an après cette fameuse exposition.
L’être humain devient un instrument aussi bien par les exposants (zoo humain) que par le meurtrier ou la police (des prostitués sont considérées comme quantité négligeable
et il convient d’étouffer le scandale pour ne pas impacter les retombées économiques et diplomatiques de l’événement).
J’ai apprécié les nombreuses références mythologiques et bibliques ainsi qu’aux débuts de la psychanalyse et toutes ses découvertes.
En refermant le livre, je n’ai pu m’empêcher de les lister.
Il ne s’agit pas d’un étalage de connaissances.
Tout est imbriqué avec une mécanique d’horloge précisément.
Le dieu Chronos domine tout le roman. Ce livre va loin, très loin dans ce qu’il y a de plus noir dans l’être humain.
Aussi, avant de le conseiller à quelqu’un, je préférerai m’assurer que ce n’est pas un « esprit déviant »
incapable de faire la différence entre la part de réalité et la part de fiction présente dans une histoire.
Quelqu’un de peu équilibré pourrait y trouver une source d’inspiration.
Une phrase n’a pas pu s’empêcher de s’infiltrer dans mon esprit tout au long de ma lecture : « L’homme est un loup pour l’homme », de Plaute puis repris par les humanistes Erasme et Rabelais On en vient à se poser ces questions : qui est le prédateur ? Qui est la proie ?
- Hubris qui tue toutes ses prostitués ?
- Les enquêteurs qui traquent Hubris ?
- Le lecteur en quête de sensations fortes ?
Le requiem des abysses
Après avoir vaincu lutter contre chronos, dévoreur de temps, dirigé par Hubris, nous retrouvons Guy de Timée.
L’écrivain et sa jolie Faustine, dont les mots qui franchissent ses lèvres sont paroles d’évangile et
pour laquelle il est prêt à aller se perdre en enfer, cherchent à se reconstruire.
Leur répit est de courte durée.
Cette fois-ci c’est Gaïa, la terre nourricière qui est menacée.
Les voilà à devoir faire face à des crimes d’une horreur incomparable, évoquant les crimes parisiens.
Ils auront à peine le temps de tomber dans les bras l’un de l’autre qu’ils seront séparés, précipités dans les abysses du mal.
Dans cette course contre la montre, découvrirons-nous enfin qui est vraiment Hubris ?
Les masques tombent.L’outil le plus puissant pour débusquer les indices ? Les réseaux sociaux de ce début de XXème siècle. Maxime Chattam nous entraîne ue nouvelle fois dans le labyrinthe des mythes et de la psychologie pour mener une enquête délicate.
Arriverons-nous à temps ?
Quelques petites références trouvées dans Le Léviatemps
Je vous livre quelques notes prises à la suite de la lecture du Léviatemps. Il n’y a rien de très recherché. A vous d’aller plus loin. Léviathan : ref biblique au départ, crocodile éventuellement (nage dans les égoûts de Paris), entrée des enfers, avale les âmes
• Alain fait référence à une chimère, qu'il nomme Léviathan, pour imager les forces invisibles engendrées par l'association des individus, plus précisément les forces sociales. Il rejoint donc Thomas Hobbes sur le point que l'État, dans une démocratie, représente cette association, ce contrat tacite entre ses citoyens.
• Dans le roman de Friedrich Maximilian Klinger: La vie de Faust, ses exploits, & comment il fut précipité en enfer (1791), le démon qui accompagne Faust n'est pas le traditionnel Méphistophélès, mais Léviathan.
L’homme est un loup pour l’homme. Un prédateur qui traque tout ce qu’il y a d’humain… : l'homme est le pire ennemi de son semblable, ou de sa propre espèce (Plaute puis Erasme, Rabelais) Hubris : notion de démesure, crime dans la Grèce antique>agression sexuelles, voies de faits, vol> passions et plus particulièrement l’orgueil Némésis : châtiment d’Hubris, juste colère, vengeance divine on ne peut lui échapper Faust (prénom Faustine) et le fameux contrat : pacte avec le diable, rêve de connaissance universelle (goethe) Jack l’éventreur, Whitechapel : meurtrier qui a assassiné des prostitués (mutilations abdominales, gorges tranchées) en Angleterre. Utilisé par Conan Doyle dans une enquête de Sherlock Holmes que Guy admire. (1888 et 1891) Cénacle des Séraphins (rapport aux anges ?) satanistes aux dire du père Camille, créatures célestes qui servent au trône de Dieu et paradoxalement proche léviathan. Ambiguïté. Expo universelle : utilisation d’hommes comme des animaux (« exposition de nègres, zoo humain), inventions… Rapport au temps et évocation du canibalisme(chronos qui mangeait ses enfants) Leicester : nom d’une ville d’angleterre, première lettre de noms de démons : (lucifère, désigné comme mettre des enfers- Lilu, démon de Babylone qui cherche les femmes malades pour leur faire du mal la nuit- léviathan-
Créature>golem, frankestein Composition de fragments humains récupérés sur les prostitués
Jeu de mots avec le métier du meurtrier (horloger), chronos…
Le basilic : air de terreur sur le visage, réf aux gorgones (méduse plus particulièrement) ? animal monstrueux ?
Toulouse-Lautrec (artiste): absinthe proposé à l’écrivain Thoudrac-Matto, peint femmes du moulin rouge…
Autre Monde Genese Tome7
Comme vous l’aurez compris, j’aime lire les séries dans le désordre, ou plus exactement,dans l’ordre qui me plaît. Je n’ai pas envie de passer à côté d’un coup de cœur. Pour moi un tome est un roman à part entière. Et cela me permet de prendre la mesure du travail titanesque de l’auteur pour rester cohérent sur plusieurs livres. Autre-Monde ne déroge pas à cette habitude. J’ai lu et apprécié le dernier tome de cette saga : Genèse. J’ai même failli rater quelques correspondances de bus pour aller à mon stage.
A aucun moment je n’ai été perdue. J’ai suivi avec passions les aventures des pans, de jeunes adolescents qui doivent apprendre grandir dans un monde qui subit le chaos. Il y a tellement de belles images qui me viennent à l’esprit quand je pense à ce ROMAN qui réunit le magicien d’Oz et Peter Pan (deux histoires où j’ai toujours eu du mal à accrocher). J’avais autant envie de connaître la suite du livre que l’historique des personnages, comme dans un one-shot. Ma curiosité et mon imagination ont été en éveil tout le long. Les réponses que je pouvais me poser sur le début sont arrivées en temps et en heure. Sans avoir lu toute la saga, je peux vous dire que cette fin est très belle, un peu triste et pleine d’espoir pour l’avenir : un beau conte pour aider les adolescents à aller vers l’âge adulte.
Les derniers mots du dernier chapitre sont une véritable énigme. Il me tarde d’en savoir plus sur les relations entre les personnages et leurs histoires respectives. Pour finir, c’est une écriture incroyablement riche avec une recherche documentaire et littéraire particulièrement bien menée. J’ai une envie folle de relire Peter Pan et peut-être l’apprécier car j’ai une très mauvaise opinion de ce jeune homme.